Les soldats et leur vie dans les tranchées

La vie dans les tranchées a été horriblement dure : le danger permanent, le froid hivernal, les rats, les poux, les odeurs nauséabondes, l’absence presque totale d’hygiène et le ravitaillement mal assuré, ainsi que la pluie et la boue, qui ont été de grands ennemis des soldats. 

L'enfer des tranchées reste difficilement imaginable: les combats sporadiques, les gazages, les pilonnages toujours plus violents, les attaques au lance-flammes mais surtout la peur.

Trous d'obus aménagés et reliés par des fossés creusés par les soldats, les tranchées étaient le théâtre de l'horreur, de l'attente de la mort. Malgré la peur, les poux, les rats, la boue et le froid, elles étaient aussi un monde de camaraderie, d'une solidarité sans faille entre soldats d'une même unité qui trouvaient le réconfort dans les plaisanteries, les chansons ou les lettres écrites à leurs familles.

Les poilus, baptisés ainsi parce qu'ils ne pouvaient ni se laver, ni se raser, restaient un mois dans les tranchées avant d'être relevés et envoyés à l'arrière où il pouvaient manger chaud, à leur faim et dormir au sec.

La nuit, en revanche, tout s'animait. Les troupes profitaient de l'obscurité pour transporter les munitions, les rations et les provisions à travers le réseau de couloirs. Une fois les activités nocturnes terminées, les soldats regagnaient leur position et attendaient patiemment et en silence le lever du soleil. Des bombardements intensifs avaient souvent lieu à l'aube ou au crépuscule. C'était en général le meilleur moment pour attaquer.

Chaque jour, les poilus recevaient des colis de leur famille, remplis de nourriture et de vêtements, mais surtout de jambons et de saucissons d’origine locale, de pâtée, de rillettes et de confits grassement fabriqués à la ferme, mais aussi de gâteaux. Tous ces cadeaux, les poilus les partageaient avec leurs confrères de tranchées.*

 

Les manque de sommeil :

Les soldats dormaient dans des casemates, souvent protégés sous d’importantes masses de terre. Elles sont parfois décorées, mais l’atmosphère y est souvent humide et insalubre. Dans certains endroit plus calmes, les soldats peuvent prendre le temps d’organiser leurs tranchées.Dans ces abris où ils passent la majeur partie de leur temps, ils entretiennent et décorent, pour les rendre plus chaleureux. Ils ont des photos, des souvenirs, et même des décorations d’intérieur. Certaines tranchées sont construites comme des maisons, avec des fondations, des poutres, des portes, voir des escaliers en bois pour se rendre dans les abris ou dans les observatoires. Dans les zones de combat, les hommes n’ont pas le temps d’organiser leur tranchée. Sa “décoration” reste sommaire. Les hommes dorment le plus souvent sur des paillasses ou des matelas fins. Il est difficile de dormir dans le tonnerre des obus et l’appréhension de la mort. Les poilus préféraient dormir par terre dans la nature, plutôt que sur les matelas des casernes qui exhalaient un relent de vielles urines ou d’excréments échauffés ou bien, que dans la poussière âcre des paillasses ou des planchers. Dormir même en compagnie des rats devenait un immense plaisir. Ils avaient peur, beaucoup parlaient ou criaient durant leur sommeil. Les rats venaient manger la nourriture, et les poux et les parasites étaient un véritable fléau. Les mouches attaquaient le jour et les moustiques la nuit. Partout la vermine s’attaquait à la mort. Il s’ensuit un état indescriptible de tension nerveuse.

 

Voici une lettre de poilue :


Le 28 décembre 1914.

Ma bien chère Alice,

Nous sommes de nouveau en réserve pour quatre jours, au village des Brebis. […] Quatre jours aux tranchées, quatre jours en réserve. Nos quatre jours de tranchées ont été pénibles à cause du froid et il a gelé dur, mais les Boches nous ont bien laissés tranquilles. Le jour de Noël, ils nous ont fait signe et nous ont fait savoir qu’ils voulaient nous parler. C’est moi qui me suis rendu à trois ou quatre mètres de leur tranchée d’où ils étaient sortis au nombre de trois pour leur parler.

Je résume la conversation que j’ai du répéter peut être deux cents fois depuis à tous les curieux. C’était le jour de Noël, jour de fête, et ils demandaient qu’on ne tire aucun coup de fusil pendant le jour et la nuit, eux-mêmes affirmant qu’ils ne tireraient pas un seul coup. Ils étaient fatigués de faire la guerre, disaient-ils, étaient mariés comme moi (ils avaient vu ma bague), n’en voulaient pas aux Français mais aux Anglais. Ils me passèrent un paquet de cigares, une boîte de cigarettes bouts dorés, je leur glissai « Le Petit Parisien » en échange d’un journal allemand et je rentrai dans la tranchée française où je fus vite dévalisé de mon tabac boche.

Nos voisins d’en face tinrent mieux leur parole que nous. Pas un coup de fusil. […] Le lendemain, ils purent s’apercevoir que ce n’était plus Noël, l’artillerie leur envoya quelques obus bien sentis en plein dans leur tranchée.

Fais part de mes amitiés à tous et à toi, mes plus affectueux baisers.

Gustave