Epoye

La guerre vécue par Julien Grethen, habitant d'Epoye.

 

Le début de la guerre :

Le 2 Août 1914, c'est le début de la guerre, au village d'Epoye c'est la mobilisation générale pour tous les habitants mais pas pour Julien GRETHEN. Les anciennes classes du village et son père partaient pour garder les voies, les autres étaient dirigées sur leurs centres de mobilisation respectifs. Les premiers communiqués de guerre annonçaient l'entrée des troupes françaises en Alsace. Les réfugiés Belges étaient de plus en plus nombreux à Epoye, les troupes descendaient dans le village. La situation, devenait menaçante.

A leur tour, ils partaient, abandonnant, les vaches, les cochons, les volailles et tous les meubles. Son frère, André et le grand père du village ne voulurent pas partir en croyant que ce n'était pas possible que les allemands arrivent sous peu. La première étape du « voyage » était le village de Verzenay . La-bas, le tambour qui annonce les nouvelles de la guerre disait qu'il ne fallait pas croire les réfugiés qui semaient la Terreur dans les campagnes. Mais, le lendemain André arriva en bicyclette, émotionné et convaincu d'avoir vu les allemands . Le grand-père, lui,  arriva en fin de journée, il avait fait tout le chemin à pied pour les rejoindre!

Deux jours après, les allemands affluaient sur toutes les routes. Les passages des premiers convoient terrorisaient tout le monde. Mais ils furent rassuré lorsqu'ils aperçurent qu'il ne leur voulait aucun mal. Les jours qui suivirent l'invasion, tout le monde pouvait reprendre ses activités. Dés que son père, libéré de ses activités militaires vint les rejoindre, ils repartirent à Epoye ou ils virent des épaves d'équipement militaires mais aussi des cadavres de vaches et de cochons. Le premier travail fut de les enterrer très rapidement en raison des fortes chaleurs. Ensuite il fallut récupérer le blé qui avait servi de lit pour les soldats et de litières pour les chevaux.

 

Les brutalités vis-a-vis des habitants :

Tous les deux jours c'était la relève. Les soldats pénétraient dans la cuisine familiale et ne se gênaient pas pour prendre de la nourriture quand ils avaient le dos tourné. Les poules et les lapins disparaissaient. Ils devaient installer un poulailler et un clapier provisoirement dans le grenier à l'insu des allemands pour garantir leur ravitaillement.

 

Le travail forcé par les Allemands :

Plus tard les Allemands sont venus chez eux pour prendre le père et Julien ; ils sont conduits à l’Église afin d'y passer la nuit seulement. De tous les hommes rassemblés c'était Julien le plus petit. Et c'est seulement le troisième jour qu'ils sortirent.

Mais ils furent déçus quand on les fit entrer dans une ferme où la grange avait été transformée en dortoir. Les plus anciens eux, devait nettoyer les routes et les cours où étaient logés des officiers. Après les plus jeunes furent désignés pour enterrer les soldats allemands morts qui avaient succombé à leurs blessures. Un mois après, des choses avaient changés, ils avaient le droit de revenir chez eux, mais en échange, ils devaient se rendre à l'appel, deux fois par jour et dans la même cour.

Quelques temps plus tard, un officier allemand vint leur dire de faire leur bagages. On les emmena à Beine. Ils dormirent là-bas avec les personnes qui n'étaient pas d'accord avec l’Allemagne. Le lendemain, ils retournèrent à Epoye. Mais ils dormirent dans une ancienne ferme qui était emménagée pour que des soldats habitent dedans. Ils restèrent un mois à cet endroit. Tous les jours les parents étaient interrogés sur la disparition du frère. Et puis le père appris qu'il était condamné à 3 ans de prison en Allemagne pour ne pas avoir pu donner d'informations sur son fils.

Ils passèrent la nuit à Pontfaverger. Le père partit en Allemagne en train, au milieu de la nuit... Eux, on les reconduit a Epoye puis on les emmena à Poix-Terron dans les Ardennes où on leur attribua une maison au village de Baâlons. Julien fut désigné pour moudre le blé. Puis un jour, un officier allemand vint les voir en leur disant qu'ils pourraient trouver un très bon refuge en Suisse. Une fois arrivés là-bas, ils s'installèrent et y passèrent 6 mois, jusqu'à la fin de la guerre. Le jour où ils rentrèrent en France fut le 23 Avril 1915 mais ils n'était pas dans le même secteur que dans leur village.


La disparition du frère :

Les jeunes s’intéressaient aux épaves militaires abandonnées.Le frère, André avait 18 ans . Malheureusement, c'est à cause de son âge qu'il se fit remarqué par une patrouille. Un officier l'interrogea. A partir de ce moment il fut confié à la garde de la sentinelle du convoi d'armes qui passait par le village. Le terrain où s'étaient installés les allemands servait à stocker des meules de foins. C'est prés de l'une d'elles que André devait rester attacher pendant plus de trois semaines.Pendant ce temps, son père démarchait pour pouvoir le faire sortir et il finit par pouvoir revenir à la maison à la maison. Quelques jours plus tard, il fut a nouveau capturé alors qu'il était allé dormir chez la tante. On l'emprisonna et on voulu l'emmener en Allemagne. Mais à mi-chemin, il se sauva et arriva à atteindre la Belgique d'où il passa en Hollande. Là il pris un bateau pour rejoindre l’Angleterre mais pendant la traversée, il tomba malade à cause d'un refroidissement et mourut quelques temps plus tard.

 

Selles

99ème RI

témoignage :
La progression d'abord aisée ne devait pas tarder à devenir difficile, lorsque nous allions nous heurter aux fortes
arrière-gardes ennemies armées de nombreuses mitrailleu-
ses qui tenaient le village de Selles et les croupes qui dominent la Suippe au nord.
Le 6 octobre le Colonel reçut deux ordres successifs,
d'abord de reconnaître Selles avec une Compagnie allégée
sans se maintenir dans la position, puis d'enlever le village.
Deux reconnaissances ayantété repoussées, une attaque
est montée
pour s'emparer du village. L'artillerie française
arrose les crêtes en face, la 106 Compagnie sous le commandement du Lieutenant Sabaty aborde Selles, l'encercle
et fait quelques prisonniers. De nombreuses mitrailleuses
entrent alors en action dans le village même qui devient
intenable; la IOe Compagnie se reforme à.la sortie S. 0. et
reste en surveillance.
C'est à cette attaque que le sergent Madelmont, de la io9
Compagnie, après avoir fait huit prisonniers avec sa fraction, tombe sous le feu d'une mitrailleuse ennemie placée
non loin de lui. N'ayant aucun abri, il commande: « En
ordre, suivez-moi
», et descend dans la Suippe ayant de
l'eau jusqu'à la ceinture. Ainsi abrité par la berge de la
rivière, il continue le combat. Plus tard il ramènera tous
les hommes
en lieu sûr.
Mais la fin de notre rôle était arrivée. Rompant le combat
le 6
au soir, le Régiment était regroupé le 7 au matin dans
ses positions de départ, dans l'état d'épuisement extrême où
l'avait mis
onze jours et onze nuits de marches et de combats
sans un moment de répit, mais ayant toutefois un
excellent moral
que n'avaient fait qu'accroître le recul des
boches et les excellentes nouvelles parvenues de tous les
fronts.
Les pertes avaient été sérieuses; plusieurs officiers étaient
morts en faisant bravement leur devoir: le Capitaine Orsini,
les lieutenants Depierre et Jeanny, le sous-lieutenant Caveye ; nombreux aussi furent les officiers blessés.
Comptant aller prendre un repos loin à l'arrière, le 99e
descend des lignes. Mais il n'en est rien; il reste à proximité
du combat. De durs moments lui sont encore réservés.

 

Auberive

Aubérive avant la guerre

     D'origine gauloise comme beaucoup de villages bordant la rivière Suippes; ensuite d'origine gallo romaine (du nom Alba Riva), Aubérive prend son véritable nom au moyen-âge

Avant le début du conflit, le village comptait 345 hbts. Entre 1836 et 1914 le village comptait 

70 laboureurs (110 chevaux), 1 arpenteur, 1 cordonnier, 5 bergers (beaucoup de moutons sur le térritoire), 2 charrons, 1 vannier, 2 aubergistes, 2 menuisiers, 1 meunier, 1 tailleur, 1 brasseur, 2 boulangers, 10 peigneurs, 1 fileur, 1 mercier, 3 maréchaux, 1 bourrelier, 4 charpentiers et 1 messager. 

Évacuation des habitants d'Auberive vers Rethel et l'arrivée des Allemands dans les villages

     Au début de la guerre, le village comptait 450 habitants. Tous les habitants du village ont évacué pour fuir le front. Les Allemands ont occupé le village pendant 4 ans. Le front français se situait entre le village et la ferme de l’Espérance. Les allemands ont fortifié le village et les français ont essayé à plusieurs reprises de le reprendre mais il ont échoué à chaque fois. La grosse tentative des français s’est déroulée en 1915 mais il n'ont toujours pas réussi. Il ont  encore fait beaucoup d’attaques mais il n'ont jamais réussi, celà s’appelait la guerre de grignotage, pour ’’grignoter’’ des centaines de mètres. Les pertes étaient comptées par centaines pour aucun gains. Aussi en 1915, les premières mutineries des soldats ont apparu. En 1916 les positions n’ont pas bougé, l’artillerie française a  complètement démoli tout le village, tout était détruit. En avril 1917 les français ont fait une énorme offensive et ont réussi à reprendre Aubérive. Les français n’ont pas gardé longtemps car au début de l’année 1918 les allemands ont à nouveau repris Aubérive (par une autre source, nous savons que le village a été pris et repris 11 fois pendant la guerre). Au début pas grand monde n'est revenu (~100 habt). Les habitants ont vécu pendant un moment dans des baraques provisoires. À partir de 1919 les habitants ont retravaillé les champs. La reconstruction a commencé vers 1923-1924. Le territoire était complètement dévasté par les tranchée, les obus …

 

Témoignage de monsieur Alphonse NOIZET décédé

le 11 février 1918 à Rethel au centre de déportation. D'après lui tous les habitants on été “embarqués” en résidence forcée à côté de Rethel où 18 personnes sont mortes (voir liste ci-dessous) entre octobre 1914 et 1918. Les personnes ont manqué de nourriture, certaines en sont mortes tout de suite et d'autres en sont mortes quelques années après la guerre.

Pour se nourrir, les gens déportés ont fait des emprunts d'argent pour acheter du pain qui semble leur nourriture principale. Apparamment un tiers du pain fourni par la ville de Rethel était payable tout de suite, les deux autres tiers sont remboursables après la guerre (voir document annexe). Nous n'avons que trois contrats d'emprunt pour 1914-1915.

Attitude des Allemands envers le clergé et les églises

      Pendant la guerre les Allemands détruisaient les clochers des églises pour ne pas servir de point de repaire aux français pendant leur bombardement. Mais il détruisaient les clochers par rapport à un mythe qui disait que les paroissiens ou les habitants attendaient dans les clochers armés pour abattre les Allemands quand ils arrivaient. L'église était réservée au culte des Allemands qui étaient protestants et catholiques ceux-ci avaient deux aumôniers de chaque religion. Mais ce dernier baptise un petit garçon qui naquit dès novembre. Le Curé de Dontrien était mobilisé => le remplaçant pour toute la région de la Suippe,qui était logé à St Hilaire Le Petit, eut droit de dire six fois la messe, dans un cellier mais il était très surveillé par les allemands. La majeur partie des soldats allemands était protestante. Il était impossible de communier, de donner l'absolution pour le curé et il était interdit d'assister à un seul enterrement qui eut lieu à Dontrien. Quand les habitants furent évacués à Signy, ils purent enfin accomplir leur devoir religieux là-bas. Les Allemands s'en prenaient aussi aux curés, car ils auraient été les incitateurs à l'évacuation. Les habitants étaient enfermés dans la fabrique près de la gare, les soldats étaient placés dans les champs pour surveiller. Mais toute l'église de Dontrien était détruite(les allemands ne voulurent pas cela).

La reconstruction

La population d'Aubérive revient en 1919, elle est majoritairement agricole donc le travail des champs reprend.

En 1920, 101 habitants sont revenus et 50 sont encore attendus.

En 1921, la population remonte à 246 habitants.

La reconstruction des habitations sont au départ des logements dans des baraques provisoires en bois, on reconstruit de vrai maison à partir de 1922.

Au début on reconstruit les bâtiments pour stocker le fourrage, les gerbes et les animaux en "dur".